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14 août 2007

Le monde parallèle des saisonniers

Le monde parallèle des saisonniers
S.Vt.

Mis en ligne le 14/08/2007
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Malgré les campagnes syndicales, les abus restent légion.
Les saisonniers étrangers, notamment polonais, figurent parmi les victimes.
Polonais et Français se sont alliés pour les informer et les aider.

Heures supplémentaires non payées, absence de contrat de travail, conditions de logement indécentes : sur les plages ou dans les champs français, les salariés saisonniers continuent à être victimes d'abus malgré les campagnes annuelles des syndicats sur leurs droits. Chaque été, ils font les vendanges, récoltent les fruits, font la plonge dans les restaurants, assurent l'accueil dans les campings ou vendent des glaces sur les plages.

S'il est difficile de dénombrer cette population mobile, les syndicats parlent d'environ 2 millions de saisonniers, dont 800000 dans l'agriculture et 400000 dans l'hôtellerie et la restauration. Dans ce monde parallèle, que les vacanciers appréhendent souvent mal, on rencontre des jeunes à la recherche d'un job d'été, des travailleurs étrangers, des professionnels ayant choisi ce mode de vie ou encore des "pluri-actifs locaux" souvent peu qualifiés.

"La situation s'est dégradée, notamment pour la jeunesse, qui est exploitée", affirme Yann Tardivel, en campagne sur le littoral français pour le syndicat Force ouvrière. Et la première paie est souvent l'occasion de cristalliser les conflits.

Une alliance syndicale

Mais la situation se révèle aussi particulièrement difficile pour les quelque 18000 immigrés, en majorité des Polonais (ils étaient 9943 en 2006 selon l'Agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations) et des Marocains (6169), "souvent prêts à accepter un emploi usant, car les salaires sont supérieurs à ceux de leur pays", explique Yann Tardivel.

C'est dans ce contexte que les syndicats Force ouvrière et Solidarnosc se sont alliés cet été pour informer et défendre les salariés polonais venus grossir les rangs des travailleurs saisonniers en France, notamment dans l'agriculture et le tourisme, et souvent ignorants de leurs droits.

Ewa Kedzior, juriste et membre de Solidarnosc, passe ainsi son été en France avec FO, à la rencontre de ses compatriotes. "La plupart ne parlent pas français, ne connaissent pas les contrats saisonniers, inexistants" dans leur pays, explique-t-elle à l'AFP, et ils sont "souvent victimes d'abus."

Lorsqu'il est fourni, le logement peut se révéler insalubre par exemple. Le paiement peut aussi être versé en partie au noir et la rémunération des heures supplémentaires, elle, demeurer virtuelle. "Certains travaillent au final 55 heures et ne sont payés que 35", rapporte Ewa Kedzior. La situation n'est pas très différente en Belgique. "Ils peuvent toucher un salaire honnête pour 8 heures par jour. Mais certains en font 11, on leur dit qu'ils récupéreront après...", explique Marcel Savoye, secrétaire national de la Confédération des syndicats chrétiens.

Mais "ces personnes viennent un mois ou deux, et ce qu'elles veulent, c'est amasser de l'argent et rentrer chez elles." Aussi réfléchissent-elles à deux fois avant de ruer dans les brancards. Certaines ont été "jetées dehors, pour avoir réclamé leurs droits", témoigne Ewa Kedzior. Et puis "les procédures sont longues, et le temps que l'affaire passe en jugement, le salarié est déjà reparti en Pologne." Lorsque ces travailleurs abusés décident de porter plainte, explique pour sa part Marcel Savoye, c'est souvent à la suite d'un accident du travail ou "lorsqu'ils ont été licenciés et qu'ils veulent dévoiler tout ce qu'il se passe" dans l'entreprise.

Après avoir découvert les conditions de travail d'ouvriers dans le bâtiment dans la région d'Anvers et en Campine, la CSC a passé des accords avec deux syndicats polonais afin de permettre à ces employés de trouver un soutien et des informations. Et certains franchissent la porte. "Nous essayons de leur donner tous les éléments pour ne pas être exploités et nous attirons leur attention sur la législation belge", explique le secrétaire national. "Notre approche, c'est de les soutenir pour qu'ils ne soient pas exploités", "mais nous n'intervenons auprès des employeurs que s'ils le souhaitent."

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