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1 novembre 2008

Lier sans-papiers et chômeurs ?Oui, pour les

Lier sans-papiers et chômeurs ?
Oui, pour les défendre !

Carte blanche parue dans Le Soir du 27 octobre 2008

C’est la crise. La crise financière, liée à l’économie « casino », s’étend à l’économie « réelle ». Le capitalisme, financier et industriel, fait déjà payer les conséquences de ses pratiques à celles et ceux qui le font vivre : les travailleurs. D’une part en socialisant les pertes accumulées par les banques et les spéculateurs. Les gouvernements qui ont nationalisé des banques ne les ont pas rachetées pour en faire de vrais instruments de crédit publics au service d’investissements créateurs d’emplois, mais avant tout pour « rassurer les marchés ». Les travailleurs, sur lesquels repose la majeure partie de la fiscalité, passeront donc à la caisse…

D’autre part, les pertes d’emplois repartent à la hausse et on peut craindre que, sous couvert de crise financière, certaines entreprises effectuent des licenciements prévus de longue date pour améliorer leurs profits. La crise sert déjà de prétexte pour rejeter hausses de salaires ou initiatives pour sauver la planète.

Le gouvernement Leterme a rapidement secouru les grandes banques. Mais il a peiné à s’accorder sur les mesures pour améliorer le « pouvoir d’achat » des travailleurs et des allocataires sociaux. Deux poids, deux mesures. Quant aux sans-papiers, ils n’ont toujours rien obtenu. Malgré des mois de mobilisation, leur sort reste bloqué. L’accord de gouvernement de mars 2008 prévoit pourtant de trouver une solution à leur situation. Mais au sein du gouvernement, les blocages sont de plus en plus évidents. Et M. Leterme, Premier ministre requinqué à la faveur de la crise actuelle, semble ne pas être à même de forcer ses partenaires à s’accorder, ou ne veut pas le faire. Pire, faute d’accord, les expulsions, psychologiquement ou même souvent physiquement violentes, se poursuivent. Des personnes considérées en séjour illégal, mais qui seraient manifestement régularisables si une circulaire (ou, mieux, une loi) prévoyait des critères clairs, sont expulsées. Malgré notamment la demande de moratoire votée par le Parlement wallon le 15 juillet.

Il est désormais éclatant que les libéraux flamands s’opposent de toutes leurs forces à une régularisation des sans-papiers. Le VLD, qui n’a d’« Open » que l’étiquette, craint d’apparaître trop « mou » sur l’immigration. Par contre, il ne semble pas craindre de protéger les employeurs et leurs donneurs d’ordre qui exploitent les clandestins, main-d’œuvre docile et très bon marché. Pour cela, ce parti est prêt à user de tous les moyens, même les plus cyniques et malhonnêtes.

A la veille de la déclaration de politique générale, l’Open VLD a conditionné un accord sur l’immigration à une politique plus stricte envers les chômeurs, bafouant les engagements de l’accord de gouvernement de mars. Le MR n’a cessé depuis de justifier cette liaison. Mais y a-t-il un lien entre les sans-papiers et les chômeurs ?

Régulariser les sans-papiers doit avoir une double finalité. D’une part, résoudre des situations humainement dramatiques. D’autre part, affaiblir les circuits mafieux (et leurs donneurs d’ordres plus « fréquentables ») liés à l’acheminement et à l’exploitation des sans-papiers. Cela a un impact sur toute la société belge et en particulier sur les travailleurs « avec papiers », que le travail clandestin met sous forte pression.

« Activer » les chômeurs a pour but, prétend-on, de les contraindre à chercher du travail pour augmenter leurs chances d’en trouver. C’est esquiver totalement la responsabilité des entreprises et du gouvernement. Les premières licencient. Le second prévoit de ne pas remplacer des milliers de fonctionnaires. Et la seule réponse apportée par le patronat, les partis libéraux et certains de leurs partenaires de gouvernement est : « Chômeurs, bougez-vous ! ». Pendant ce temps, continuons à exploiter les sans-papiers et à opposer ces catégories de travailleurs. Cette attitude n’est pas anodine. Contrôler davantage les chômeurs, dégrader leur situation et les pousser à accepter des boulots précaires et mal payés vise à faire pression sur les travailleurs « avec emploi ».

Lier les sans-papiers et les chômeurs… pour les défendre. Le système actuel a montré toutes ses limites. Démanteler et affaiblir les services publics, y compris ceux contrôlant la fraude fiscale et le travail au noir. Réduire l’impôt des entreprises et des nantis, en s’imaginant qu’ils investiront dans l’emploi et non dans l’économie « casino ». Rogner les budgets sociaux, affaiblissant la capacité des travailleurs et des allocataires sociaux à faire tourner l’économie par leur consommation. Diminuer les protections des travailleurs, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, pour favoriser leur exploitation.

Les choix de société qui s’imposent sont opposés à cette voie sans issue. On ne peut blanchir les banques pour perpétuer le système. Il faut au contraire relancer l’économie par la demande tout en améliorant les finances publiques. En Espagne, la régularisation des sans-papiers bien avant la crise avait dopé l’économie et les recettes de l’Etat. Améliorer les conditions de vie des travailleurs et des allocataires sociaux, notamment des chômeurs, est aussi indispensable. Pour l’économie, pour les travailleurs « avec papiers et avec emploi », et pour permettre l’engagement plein et entier de tous ces citoyens dans la vie de la société.

Mateo Alaluf Professeur à l’ULB
Thierry Bodson Secrétaire général de la FGTB wallonne
Isabelle Ponet Comité de soutien aux sans-papiers de Liège
Felipe Van Keirsbilck Président du comité bruxellois de la CSC
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Commentaires
Y
on voudra bien avoir une nouvelle des sans papier qu'ils ont passer en moi des années ici et ils ont eux meme des enfants en belgique il ya une chance au pas
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